Premier stage
Les soignantes ont la motivation d’améliorer une pratique de lecture à voix haute qu’elles mettent régulièrement en œuvre auprès de leurs patients. Après un temps d’adaptation à des exercices conçus sur-mesure, elles se lancent sans résistance dans les propositions que nous leurs faisons. Elles découvrent qu’elles ont un corps dont elles peuvent engager l’énergie au service du texte. Elles prennent confiance en elles, se redressent dans l’acte de lire, s’accordent une place, une légitimité, se libèrent du fantasme de leurs impossibilités, incapacités, ouvrent avec excitation la porte de leur part créative.
Dernier stage
L’ambition est de réaliser une captation vidéo de la mise en voix et en espace de «J’ai passé » poème de Laurence Vielle. L’exercice sollicite concentration, précision, patience en quête de justesse individuelle et collective. Il est traversé de rires, de déraillements, de découragements, de fatigue …
C’est après la pause déjeuner que les soignantes, qui ne croyaient plus en leur capacité à fabriquer cet objet commun, installées, dans leur habit d’infirmière en cercle sur des fauteuils, forment un chœur. Elles scandent cette chronique d’une vie, la leur ou celle d’une autre, s’essoufflent au rythme d’une langue qui cavale de phrase en phase, chorégraphient le texte pour aboutir à une performance gratifiant leurs efforts.
Atelier d’écriture piloté par Franck Magloire
Une petite histoire
A cette époque, je travaillais dans un bloc opératoire de chirurgie orthopédique et traumatique. A la fin de la journée, un monsieur est arrivé pour se faire amputer la jambe, meurtrie par une gangrène sévère. Le chirurgien a commencé : inciser, couper la peau… j’ai suivi les étapes, senti dans mon propre corps quand enfin il a touché l’os. Le morceau du monsieur est tombé… seul, sur la table d’opération, abandonné, sans personne pour s’en occuper.
Tout le monde est parti, sauf ce petit pied…
M.